Salade macédonienne

  • Parcours : Medzitlija (frontière) – Bitola – Resen – Ohrid – Sveti Naum – Ohrid – Struga – Qaf’e Thanës (frontière)
  • Kilométrage : 189 kms
  • Durée : 3 jours

Après la Grèce, j’ai le choix entre continuer directement en Albanie, ou faire un crochet par la Macédoine, pour une distance à peu de choses près équivalente. Je ne tergiverse pas longtemps ; primo, le lac et la ville d’Ohrid, situés en Macédoine et classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, paraissent incontournables dans la région; secundo, passer au plus deux jours supplémentaires en Albanie ne sera de toute façon pas suffisant pour mieux appréhender ce pays ; tertio, je ne connais rien de la Macédoine si ce n’est Iskander (Alexandre le Grand)…

A quoi s’attendre de cette petite république alors? Une présentation succincte s’impose : le pays, indépendant depuis 1992, faisait partie jusqu’à cette date de la République fédérative socialiste de Yougoslavie*, tenue d’une main de fer depuis sa création en 1943 et pendant près de 40 ans par le maréchal Tito qui y met en place un État communiste. Avant l’épisode yougoslave, cette petite république de 2 millions d’habitants répartis sur un territoire environ vingt fois plus petit que notre hexagone, a rarement été indépendante et subi de nombreuses conquêtes : Romains, Bulgares, Byzantins, Serbes puis Ottomans. Un territoire qui fut le théâtre d’enjeux plus vastes, arbitré par des empires qui s’y livraient une lutte d’influence.

Sur le plan géographique enfin, ce pays n’a pas de littoral et même s’il présente un relief essentiellement montagneux, il connaît également un climat de type méditerranéen, en raison de sa proximité avec la mer (Égée au sud et Adriatique à l’ouest).

Un amalgame des époques, un pays et un environnement naturel à la croisée des chemins, c’est ce que j’ai ressenti pendant mon court séjour en Macédoine.

A Bitola d’abord, ville située à quelques kilomètres de la frontière, où je fais un stop douche et lessive, nécessaires après ces derniers jours de bivouac. Je parcours l’artère piétonnière Marsal Tito à la recherche d’un café internet : entre l’école militaire au style néo-classique et deux mosquées dans la pure tradition ottomane*, je suis aidé par un jeune albanais rencontré en face du théâtre de la ville, au design empreint de réalisme socialiste soviétique.

Le lendemain ensuite, sur la route que j’emprunte pour me rendre à Ohrid, je découvre les denses forêts de conifères du parc national du Pellister, puis une végétation différente, clairsemée, composée de fourrés épineux et de petits arbustes, comme ce que l’on rencontre plutôt dans les régions arides : une flore diversifiée donc, caractéristique de la position géographique du pays vraisemblablement.

Le lendemain encore, je discute cette fois-ci de tout et de rien avec un taxi d’origine turque, qui m’explique les difficultés rencontrées par sa communauté en Macédoine, puis atteins la ville d’Ohrid, le « coeur » spirituel du pays pour les orthodoxes, avec ces nombreuses églises médiévales aux fresques byzantines.

Un petit pays pluriel donc, dont les influences historiques se traduisent dans la langue où je reconnais des emprunts à la langue turc, dans la nourriture également avec la moussaka (grecque), les bureks (turque) ou encore le goulash (Europe centrale) notamment, des plats populaires ici; un petit pays qui comprend également plusieurs minorités avec lesquelles l’Éducation nationale doit composer.


Dans un collège macédonien

A Ohrid, j’ai été autorisé à visiter un type de collège particulier (en traduisant littéralement, il s’agit d’un collège « d’unité »), sans toutefois être autorisé à y prendre des photos.

A la suite du conflit civil qui opposait il y a dix ans la communauté albanaise (un quart de la population du pays) revendiquant plus d’autonomie et de reconnaissance, au gouvernement macédonien, celui-ci a notamment mis en place des quotas aux examens pour la principale minorité du pays*, et reconnut l’albanais comme deuxième langue officielle. Le collège pluriethnique d’Ohrid fait partie de ces quelques établissements publics créés pour adapter la scolarité aux caractéristiques ethniques du pays. Présidé par un ancien professeur d’anglais d’origine albanaise, un peu plus de 1400 élèves y étudient de l’équivalent de notre 6è jusqu’à la 3è. Parmi eux, environ 960 sont d’origine macédonienne (slave), 320 d’origine albanaise et 120 d’origine turque, une composition qui représente sensiblement celle du pays.

Dans leur langue maternelle respective, ils reçoivent les mêmes enseignements par classe de 20 à 25 élèves, qui sont par ailleurs les mêmes que dans un collège français (l’établissement est également laïc). Ils commencent l’apprentissage des langues tôt, avec l’anglais (à partir de l’âge de 6 ans pour tous) puis le français ou l’allemand (à partir de 12 ans pour tous) ainsi que le macédonien (à partir de 9 ans pour les non slaves). Les notes s’échelonnent de 1 à 5, 5 étant la meilleure note. Pas d’uniforme à l’école publique, et les garçons et filles étudient ensemble.

Quels moments partagent tous ces collégiens d’origine différente? La récréation quotidienne de 15 minutes, les cours de sport ainsi que les sorties culturelles organisées dans l’année. Le rythme scolaire s’étale sur une semaine de 5 jours, avec 7 cours quotidiens de 40 minutes dispensés soit le matin, soit l’après-midi, ce qui laisse à tous une demi-journée de disponible chaque jour. Ces moments libres peuvent être occupés à prendre des cours de soutien en cas de difficultés, ou participer à des compétitions organisées par l’école dans différentes disciplines (anglais et sport notamment), ou enfin réaliser des activités spécifiques, qui consistent souvent en des travaux ludiques auxquels 2 élèves de niveau différent sont associés.

Réponse au quizz précédent

La Mer Égée se situe à l’est du territoire grec et le sépare de la Turquie; la Mer Ionienne sépare la péninsule italienne et la Sicile à l’ouest, de l’Albanie et de la Grèce à l’est; la Mer Méditerranée borde notamment les côtes de la presqu’île du Péloponnèse, appartenant à la Grèce. La Mer Caspienne quant à elle est partagée par l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan. Donc réponse 2).

Poséidon est le Dieu des Mers et des Océans. Frère de Zeus, qui règne sur le Ciel, il fait partie avec celui-ci des douze divinités olympiennes, soit 6 Dieux et 6 Déesses, qui selon la mythologie grecque résident sur le Mont Olympe. Athéna et Hermès appartiennent également aux divinités olympiennes : alors qu’Athéna, fille de Zeus, est la Déesse de la Guerre mais aussi de la Raison, Hermès est notamment le Dieu des voyageurs, des commerçants et des voleurs ! Donc réponse 3).

Quizz

Quelle événement est célébré le 24 mai en Macédoine?

  1. La Fête de l’Indépendance

  2. La naissance du roi Makedonius, père fondateur de la nation

  3. Le Jour des Saints Cyril et Méthode

  4. Le tremblement de terre qui a détruit 75% de Skopje (capitale) en 1963

* Yougoslavie : le terme signifie pays des Slaves du sud en serbo-croate. Elle regroupait la Serbie (incluant la région autonome du Kosovo, aujourd’hui indépendant), le Monténégro, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine. Ces quatre dernières firent sécession en 1992.

* Architecture des mosquées ottomanes : inspirées des mosquées conçues par le grand architecte ottoman Sinan, beaucoup de mosquées construites par la suite dans l’empire reposent sur une base carrée, surmontée d’un dôme central soutenu par des dômes plus petits et d’autres petites coupoles.

* Quotas: par exemple, des catégories de fonctionnaires doivent comporter un certain nombre de personnes d’origine albanaise dans leurs effectifs. Lors des examens sanctionnant leur formation, des places sont ainsi « réservées » à cette minorité.

Laisser un commentaire